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La
notion d’espace en musique vient s’ajouter aux notions de hauteur, de durée,
d’intensité et de timbre. Elle cherche à opposer des plans sonores en profondeur
(proche-lointain), latéralement (gauche-droite) ou plus récemment giratoires. Le
jeu spatial sur le son est ancien. Il est pratiqué à Saint-Marc de Venise vers
1600 par Giovanni Gabrieli (Canzoni
et Sacrae Sinfoniae) ou Monteverdi (Selva Morale). Il est pratiqué
ici ou là dans l'opéra (Mozart, Don Giovanni) ou chez Mahler dans
Klagende Lied (1880) ou sa Symphonie n° 2 "Résurrection" (1887-1894).
Ce qui est encore anecdotique chez ces compositeurs va être intensément étudié
au XXe
siècle grâce aux nouvelles technologies. Les compositeurs au moyen de haut-parleurs (Stockhausen
Gesang der Jünglinge, 1956 ou Varèse :
Poème électronique, 1958) ou en disséminant le public parmi les musiciens
(Xenakis : Terretektorh, 1966) ont trouvé des solutions scéniques plus
abouties visant à une théâtralisation de la musique comme chez Mauricio Kagel.
On parle alors de musique cinématique puisque devenue « itinérante » pour
l’instrumentiste comme pour l’auditeur, l’un et l’autre nomades étant amenés à se
déplacer. En 1958, Cage dans Musik Walk et Stockhausen dans Gruppen
pour trois orchestres ont été des pionniers de la spatialisation. Stockhausen
est certainement le compositeur qui s'est le plus intéressé à la projection
spatiale du son. Il
affirmait en 1971 : "Il est indispensable de pouvoir faire déplacer le son dans
n'importe quel espace. Voilà la recherche technique la plus urgente". Son
opéra Licht entamé en 1977 en est l'ultime illustration et exige la construction de
salles adaptées où "les sons volent". =>
Musique
acousmatique. |