Musique concrète

Définit la musique composée à partir de sons réels enregistrés sur bande puis manipulés comme des objets sonores. L'idée de base consiste à extraire un son enregistré de son contexte et à le considérer comme un "objet sonore" à part entière ce qui signifie que la musique concrète est bien plutôt une musique abstraite. Elle a été créée en 1948 par Pierre Schaeffer (le terme apparaît pour la première fois dans son journal le 18 avril) rejoint par Pierre Henry au sein du Club d’essai de la RTF (1946) puis du Groupe de Recherches de Musique Concrète (GRMC, 1951)) rebaptisé Groupe de Recherches musicales (GRM, 1958).
Au début du siècle, les futuristes italiens avaient anticipé le concept. En 1911, Francesco Ballila Pratella a publié le Manifeste des musiciens futuristes  et, en 1913, Luigi Russolo L'Art des bruits. De même Erik Satie dans son ballet réaliste Parade (1917) fait appel à des sources sonores "concrètes" : sirène, moteur d'avion, machine à écrire...  Parallèlement, les bandes sonores de certains films de même que celles d'émissions radios (le Hörspiel en Allemagne) ont offert quelques tentatives. Réalisées au Club d'Essai le 20 juin 1948, cinq Etudes (Etudes aux tourniquets, aux chemins de fer, pour orchestre, au piano, aux casseroles) de Pierre Schaeffer constituent le programme d'une émission donnée en audition privée le 3 octobre 1948 (Studio Devèze) puis diffusée sur les antennes de Paris-Inter, le 5 octobre. Le premier concert public de musique concrète aura lieu à l'Ecole normale de Musique le 18 mars 1950 avec des œuvres de Pierre Schaeffer et l'œuvre emblématique de la musique concrète que constitue la Symphonie pour un homme seul réalisée avec la collaboration de Pierre Henry, autre pionnier de la musique concrète et son plus ardent défenseur, collaboration qui se poursuit en 1951 avec Le microphone bien tempéré ou Orphée 51. La musique concrète fascinera à ses débuts de nombreux compositeurs (Messiaen, Boulez, Milhaud...) qui s'en écarteront rapidement tandis qu'elle trouvera des applications dans la musique de film (Pierre Henry : Astrologie de Jean Crémillon, 1952) ou de ballet quand Maurice Béjart chorégraphie, en 1955, la Symphonie pour un homme seul. Mais le temps de la musique concrète ne durera qu'une dizaine d'années car elle va subir rapidement la concurrence de la Musique électronique élaborée à partir de 1951 au studio de Cologne, rivalité éphémère qui aboutira à la fusion des deux courants sous le terme plus générique de Musique électroacoustique. => Music for tape
Référence : Pierre Schaeffer-Pierre Henry : Symphonie pour un homme seul (1950).
Consultez http://sonhors.free.fr/panorama/sonhors7.htm

1 SCHAEFFER Pierre, A la recherche d’une musique concrète, Paris : Seuil, 1952.
1 SCHAEFFER Pierre, Traité des objets musicaux, Paris : Seuil, 1976.
1 SCHAEFFER Pierre, La musique concrète, Paris : PUF, 1973, coll. « Que sais-je ? »
1 SCHAEFFER Pierre, Guide des objets sonores, Buchet Chastel, 1994
1 SCHAEFFER Pierre,  De la musique concrète à la musique même, Mémoire du livre, 2001
1 HENRY Pierre, Journal de mes sons, Arles, Actes sud, 2/2004, coll. "un endroit où aller".
1 CHION Michel, Pierre Henry, Paris : Fayard, 2/2003.
1 GAYOU Evelyne, GRM Le Groupe de Recherches Musicales, Fayard, Paris, 2007
 
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